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ChatGPT et Google

Rare photo d’une discussion entre le robot de ChatGPT et celui de Google

Lorsque ChatGPT a fait son apparition le 30 novembre 2022, le monde fut stupéfait par cette chose totalement révolutionnaire. Certes GPT en était à sa troisième version, mais aucun système de génération de texte par IA ne s’était montré aussi User Friendly.

Il y a eu un avant et un après, personne ne peut dire le contraire. Les premières semaines de nombreux SEO prophétisaient, dont le rédacteur de ces lignes, un bouleversement pour Google. Nous pensions que le volume des recherches informationnelles s’amenuiserait… Après un an et demi de recul, ça n’a pas été le cas.

Pour autant, ce n’est que le début de l’histoire. Google a répondu avec Bard, Gemini et la Search Generative Experience. C’est bien qu’il se sent menacé. Qu’arriverait-t-il si OpenAI décidait de créer son propre moteur de recherche? C’est ce que nous allons voir aujourd’hui !

Les forces et les limites de Google

Nombreux sont ceux qui ont voulu affronter Google et tous se sont cassé les dents. La première chose à laquelle l’on pense, ce sont ses moyens illimités en matière d’infrastructure. Partout dans le monde, des data centers gigantesques vous fournissent des résultats de recherche en quelques dixièmes de secondes. Mais ça, ce n’est pas forcément le plus insurmontable : Microsoft a une force de frappe similaire, et pourtant Bing ne décolle pas.

Cela s’explique en partie par une autre raison. Google a 25 ans d’historique derrière lui. Cette data précieuse lui permet de fournir des résultats plus pertinents que n’importe qui d’autres. Son algorithme est constamment mis à jour, mais il continue à se reposer sur des fondations extrêmement solides. Son index de recherche a beau changer à chaque minute qui passe, sa base de données est garnie de vieux sites qui n’ont pas vu l’ombre d’une modification depuis 10 ans mais restent toujours pertinents.

En parallèle, Google investit en permanence dans de nouvelles fonctionnalités de recherche. Tous ont copié son Knowledge Graph, sa recherche d’images et de vidéos… Mais cela les cantonnent au statut de suiveurs.

Un dernier point sur ses forces nous semble indispensable à mentionner, car c’est peut-être le principal : les gens ont l’habitude de Google. Depuis deux décennies ils font des recherches dessus. Ils sont habitués à son interface et lui accordent une totale confiance, sans même analyser les autres concurrents. Le DMA a beau laisser le choix à l’internaute du moteur de recherche par défaut sur son smartphone, il choisit en très grande majorité le doudou qui l’a accompagné depuis sa première expérience d’internet.

Cette situation monopolistique constitue aussi des limites pour Google. Il est particulièrement scruté par les autorités étatiques, comme l’Union Européenne. D’éventuels biais de recherche provoquent un cataclysme, sur la question de l’IVG par exemple. Par ailleurs, les entreprises ne voient pas d’un bon œil leur dépendance excessive à Google.

Enfin, et c’est là que ChatGPT rentre en jeu : Google, ça reste une liste de liens bleus. Certes il y a des fonctionnalités comme la position zéro ou “Autres questions”, mais en soit les SERP n’ont pas fondamentalement changées dans leur squelette. En comparaison, ChatGPT est une immense révolution, car l’expérience utilisateur n’a plus rien à voir. Google SGE est la réaction directe face à cette faiblesse. Mais est-ce suffisant ? L’implémentation d’un chatbot au chausse-pied dans les SERP est-il vraiment la réponse idéale ?

En quoi ChatGPT est-il un concurrent potentiel ?

ChatGPT est déjà utile pour votre SEO, si vous savez l’utiliser avec parcimonie et esprit critique (les deux plus fidèles alliés des référenceurs). Il peut vous aider à rédiger des balises, faire des plans pour vos contenus, et bien d’autres choses encore.

Il se substitue à Google sur certains points. Typiquement, quand vous cherchez des sources pour vos textes, vous n’êtes plus obligés de vous contenter de quelques recherches. ChatGPT peut vous fournir des informations intéressantes quand vous lui posez des questions précises. C’est un excellent allié de la rédaction web, même si vous devez toujours vérifier que l’IA ne vous invente pas des réponses de toute pièce. C’est malheureusement encore très courant aujourd’hui.

Comme vous vous en doutez, si cela fonctionne pour le métier de référenceur, c’est le même cas pour tous les autres. C’est pour cette raison que ChatGPT Plus, la version payante à 20 euros mensuels, a beaucoup de succès. Ce service est semble-t-il majoritairement B2B, la plupart de ses utilisateurs étant des professionnels. Un bon indicateur qui va en ce sens est sa vitesse de fonctionnement plus rapide le weekend, période où les employés de bureau ne travaillent pas…

Mais le nerf de la guerre reste le consommateur lambda. Il est certain qu’il peut aider bien des gens, mais il reste plus simple de faire une simple recherche Google quand une question vous traverse la tête, plutôt qu’aller sur le site et formuler une question explicite sous la forme d’une phrase. Les mots-clés sont indétrônables en matière d’efficacité car vous les tapez en une poignée de secondes, même depuis votre mobile.

C’est probablement pour cette raison que Sam Altman, co-fondateur d’OpenAI, commence à lorgner sur les moteurs de recherche, et pas seulement son partenaire Bing…

Que dit Sam Altman à ce sujet ?

L’ancien PDG de Google Eric Schmidt avait prophétisé cette situation il y a fort longtemps. Il a eu la clairvoyance de penser que le “tueur de Google” ne serait pas une copie du moteur de recherche, mais une solution nouvelle qui sortirait des sentiers battus. Après tout, c’est ce que Google avait fait en son temps avec AOL.

Sam Altman pense qu’il serait “cool” d’intégrer les grands modèles de langages dans la recherche, estimant l’expérience actuelle “ennuyeuse”. Il ne souhaite pas copier le modèle de Google mais repartir d’une page blanche, pour réinventer la manière dont les gens trouvent l’information. On ne sait pas encore à quoi cela pourrait ressembler, mais une chose est sûre… La liste de liens bleus va disparaître.

Il existe peut-être une bien meilleure façon d’aider les gens à trouver et à synthétiser l’information

Ne mettons pas la charrue avant les bœufs, Sam Altman lui-même précise qu’ils sont encore très loin d’être en capacité de faire du Search à un niveau suffisant. Leur IA est très évoluée, mais pas pour classifier des milliards de documents. Ils ont bien une base de données de ce genre, sur laquelle GPT a été entraîné, mais la logique est très différente. Par ailleurs Google c’est aussi 40 millions d’ouvrages numérisés. OpenAI aussi se fonde sur des livres et d’autres documents hors ligne, mais pas à une telle quantité.

Et si un autre Google était un Google sans publicités ? La gratuité d’internet nous paraît comme une évidence. Dans les années 90 le public ne comprenait pas pourquoi il devait payer quelque chose en plus de son abonnement internet, de surcroît particulièrement coûteux à l’époque. Depuis, Netflix est arrivé et les mentalités ont évolué. Beaucoup de services sont freemium, autrement dit ils vous laissent le choix : soit vous avez des pubs, soit vous payez pour ne pas les avoir. Spotify et YouTube (avec Premium) en sont le parfait exemple.

Altam n’aime pas les publicités. Sa solution pour monétiser sa très coûteuse plateforme est l’abonnement mensuel. Et cela s’inscrit à notre sens dans l’avenir du web, aussi bien pour la presse que les services. Le pouvoir d’achat des utilisateurs n’est pas illimité, mais l’absence de tracking publicitaire en motiverait certains. OpenAI a de solides cartes en main pour créer un écosystème permettant d’accéder à tous ses services avec un seul abonnement.

La publicité pourrait aussi être proposée en alternative pour ceux ne voulant pas payer. Par contre, sa forme changerait radicalement. Quand AdWords est arrivé, Google était bien vu car il proposait des publicités très discrètes pour l’époque. Cette perception a radicalement changé. Il est possible de penser une nouvelle rupture sans vision dystopique, où une demande sur ChatGPT aboutirait à la proposition sponsorisée d’un vêtement ou de billets d’avion. Altman souligne que de nombreux progrès pourraient être faits dans la publicité pour qu’elle ne manipule pas la vérité dans le but de convenir aux annonceurs.

En résumé, cette interview du co-fondateur d’OpenAI fut passionnante car elle a permis de nous montrer une autre vision de la recherche. Sans liste de liens, avec des publicités moins intrusives ou retirées par un abonnement. C’est un véritable changement de paradigme qui se dessine sous nos yeux. Cela nous rappelle que le métier de référenceur n’est pas un long fleuve tranquille… Mais c’est ce qui le rend passionnant.

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